A la recherche de Marjorie Ashley

**les noms ont ete modifies a la demande des services secrets francais qui se melent de ce qui ne les regardent pas**

Quand on a 5 ans on croit encore que la vie est belle et que les gens sont gentils. Les enfants sont betes et d'une naivete qui depasse l'entendement. Et apres on s'etonne de voir autant de vieux cons. Pourquoi cela s'arrangerait-il en veillissant? Mais je m'enerve et c'est mauvais pour mon transit. Apres j'ai mal au duodenum et ca derange mon monodenum qui est tres tatillon avec son voisinage passe 22 heures.
Ce que je voulais dire je crois, c'est qu'alors qu'on est encore enfant, chaque moment de la vie est une experience extraordinaire qui doit etre bue jusqu'a la lie parce qu'on sait que bientot on va avoir 15 ans et qu'alors on sera tres vieux et con, comme cet abruti de grand frere qui pour une raison inconnue retire un immense plaisir a m'infliger une douleur a intensite variable, par l'intermediaire d'un petit variateur et de 2 pinces crocodiles accrochees a mes tetons. Mais je ne sais plus de quoi je parlais, c'est malin.
Pour une raison inconnue, aujourd'hui je me suis rappele Marjorie Ashley. Nous etions dans la meme classe a l'ecole primaire. Elle etait belle comme la future femme de nos enfants, son rire s'elevait plus haut que celui des autres, plus leger il tourbillonait aleatoirement au gre des vents. Ses yeux verts etaient chauds comme le pantalon de velours de mon grand pere. Lorsqu'elle me parlait mon coeur battait la chamade, et alors que sa douce voix me faisait l'honneur de couler dans mes oreilles, moi je n'entendait que les battements de mon coeur qui resonnait comme un gong frappe dans les gorges de l'Ardeche. Elle a probablement pense que j'etais lobotomise. Cependant ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi dans ma memoire Marjorie a toujours etait une femme et jamais une enfant. Etait-ce que tout petit deja j'avais inconsciemment conscience (je trouve que les oxymores ca fait tres joli et statistiquement ca double les chances de passer un jour chez Pivot) de l'amoralite des relations charnelles avec les petites filles. Je ne crois pas. Mais alors quid? Comment ce fait-ce? Par quelle manipulation chimico-neuronales cela est il possible.
Je pense qu'en fait on ne change jamais. Toute notre vie nous nous trainons cette meme tronche au vent mauvais. Mais parce qu'on est un enfant les gens ne nous voit pas tel que nous sommes mais nous idealisent en petits lutins malicieux et plein de vie. De la meme facon alors que la pendule au salon qui dit oui qui non commence a se transformer en un compte a rebours, les gens nous voient tels qu'ils nous imaginent, sans vie, fatigues et uses.
La seule conclusion qui s'impose naturellement a cette brillante demonstration scientifique est que les gens sont cons.
A commencer par le chauffeur de taxi qui crache la haine de sa vie miserable sur des gens qu'il ne connaitra jamais, et donc qui se trompe de colere comme disait quelqu'un de connu qui m'echappe. A continuer par le chauffeur de camion qui pense que les lois de la physique ne s'appliquent qu'aux homosexuels et qui donc applatit gaillardement et avec entrain les petits vieux de ces villages/autoroutes emiettes le long de notre magnifique reseau routier que le monde entier nous envie. Petit vieux qui tentait de traverser pour aller chercher sa demi-baguette demi-sel, et qui s'accrochait a la vie par habitude parce qu'on lui a bourre le mou avec des principes idiots selon lesquels il vaut mieux se faire chier jusqu'a la moelle que d'etre maitre de son destin. Heureusement il y a Lagaffe a la tele, ca lui permet (permettait pardon, maintenant qu'il a ete reincarne en pneu thermo-gomme Michelin) de donner un sens a sa vie, et de profiter pleinement de ses soirees en sirotant du jus de carottes parce que le docteur l'a convaincu que l'alcool etait dangereux pour sa sante. Pas autant que de veillir certes mais on est jamais trop prudent.
Ah Marjorie que ne t'ai-je imagine courant vers moi sur des plages de sable blanc. Toutes ces nuits froides d'hiver sous ma couette, tu etais volupteuse et sensuelle, j'etais dans mon pyjama de superman qui me donnait l'assurance necessaire. Notre amour etait pur et nos corps s'enflammaient au contact l'un de l'autre.Et inexorablement, a chaque fois, ce con de chauffeur de camion t'ecrasais. Nuit apres nuit j'avais beau rajouter toujours plus de panneau de signalisation, toujours tu finissais sous les roues de la remorque. J'ai essaye les panneaux lumineux, des qui clignottent, des qui flashouillent, rien n'y faisait.
Quand je disais que les gens sont cons.